L’Institut de la Vision voit le jour
« Voici
de longs et sombres siècles, John Milton, le grand poète anglais frappé de
cécité, parlait de ses rêves dont la lumière et les images s’éteignaient au
réveil. Son désespoir d’alors interdit aujourd’hui encore à tous, médecins et
scientifiques d’accepter que pour les aveugles, seules les nuits soient colorées. »
C’est en ces termes que le professeur José Sahel, présentait l’Institut
de la Vision lors de la pose de la première pierre, le 21 septembre
2006. Moins d’un an et demi plus tard, à la fin janvier 2008, ce "visiopôle"
est une réalité. L’Institut a pour particularité de réunir des acteurs de la
recherche académique et de la recherche industrielle dans un même lieu, au sein
du centre national d’ophtalmologie (CHNO) des Quinze-Vingts.
(Vue architecturale de l'Institut, bâtiment moderne avec façade en verre)
On
retrouve ainsi une douzaine d’équipes de recherche (Inserm, université Paris 6
Pierre et Marie Curie, CNRS, écoles d’ingénieurs...), réunies en un même lieu
auprès d’une pépinière de jeunes entreprises innovantes (une dizaine de
laboratoires privés seront hébergés dans l’Institut). Le projet inclut également
une unité supplémentaire, avec une résidence hôtelière pour les patients, les
familles et les chercheurs. Au total, 200 d’entre
eux, académiques ou industriels, comptant parmi les plus grands spécialistes
mondiaux de la vision, sans compter les dizaines de professionnels de
l’investigation oculaire, graviteront dans l’Institut dès sa mise sur orbite fin
janvier 2008. On estime que 400 à 500 personnes travailleront à terme sur le
site de 11 426 m². L’Institut fonctionnera ainsi avec des plateaux techniques
communs : animalerie, analyse du transcriptome, du protéome, bioinformatique,
imagerie, tests comportementaux, électrorétinogramme, etc... Chaque équipe ayant
une totale autonomie de travail et de gestion, même s’il y aura une
mutualisation des moyens et un comité stratégique
qui définira une politique commune.
(portrait du Prof. José SAHEL)
« Ce
n’est pas une construction de plus au centre de Paris, c’est la mise en œuvre
d’une conviction : celle que le progrès médical, doit associer dans une unité de
temps et d’espace cliniciens, chercheurs, industriels et institutions,
laboratoires académiques, start-ups, centre d’investigation clinique et prise en
charge des patients », avait ajouté lors du lancement des travaux le
professeur José-Alain Sahel, patron de l’équipe fondatrice, l’unité 592 de
l’Inserm (spécialisée dans la Physiopathologie
cellulaire et moléculaire de la rétine), porteur du projet depuis plusieurs
années, qui assurera la direction de ce pôle d’excellence.
L’opération, il faut le souligner, constitue l’un des premiers partenariats
public-privé conclut en France. Parmi les membres fondateurs, on dénombre le
CHNO des Quinze-Vingts, l’Institut national de la santé et de la recherche
médicale (Inserm), l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI), la Fondation
ophtalmologique Adolphe de Rothschild, etc...
L’Institut
de la Vision de Paris va ainsi permettre la mise en commun de savoirs
translationnels, allant de la recherche fondamentale à la recherche clinique
appliquée. Les thèmes de recherche concerneront des maladies comme la
dégénérescence maculaire (DMLA), le diabète, les
occlusions artérielles ou les rétinites pigmentaires. On se penchera également
sur le vieillissement de la rétine, le développement de certaines voies
visuelles et différentes stratégies de rééducation, on examinera « comment le
cerveau traite les informations en dehors de toute pathologie ? ». Du point de
vue clinique, les maladies concernées sont notamment le glaucome et les
dystrophies de la cornée avec la possibilité de greffe. L’Institut de la Vision
s’attèlera d’une manière à innover et à apporter
des réponses aux pathologies de l’œil en général.
Parmi les innovations évoquées ces derniers temps, on cite ainsi une nouvelle
génération de prothèses rétiniennes électroniques
destinées à restaurer une vision utile chez des patients aveugles suite à une
DMLA ou à une rétinopathie pigmentaire, lorsque les neurones de la rétine
interne demeurent fonctionnels. Il faut savoir que les maladies de la rétine
sont les premières causes de cécité dans les pays
occidentaux. Rappelons que notre pays compterait entre 1,5 et 1 millions de
personnes affectées par des troubles visuels, dont 77.000 atteints de cécité.

L'institut de la vision à Paris en 2007
En 2007, Paris sera doté d'un centre de recherches sur les maladies oculaires
comparable au prestigieux Institute of Ophthalmolgy de Londres.
Explications...
Depuis trois à quatre ans, l'INSERM, l'Université Pierre et Marie Curie, le
ministère de la recherche et le Centre hospitalier national d'ophtalmologie (CHNO)
des Quinze-Vingts affichent la volonté de structurer l'espace de recherche et
de développement sur la vision autour d'un pôle de dimension internationale.
C'est ainsi qu'est né le projet d'un institut dédié à la recherche sur les
maladies oculaires, baptisé désormais Institut de la vision.
L'institut devrait ouvrir ses portes en mai 2007 dans un nouveau bâtiment
construit sur le site du CHNO des Quinze-Vingts sur une surface de 5 500 m².
Le soutien de la ville de Paris et de la région Ile-de-France est acquis.
Restent quelques étapes administratives qui sont « en bonne voie », selon
José-Alain SAHEL, qui porte le projet depuis 2002, puis l'obtention du permis
de construire. Si tout se passe comme prévu, le bâtiment pourrait commencer à
s'élever début 2006.
Le montage de l'opération fait appel à un montage rendu possible par une
ordonnance de 2003, le « bail emphytéotique hospitalier » (BEH), qui permet de
faire financer la construction du bâtiment (soit 20 M€ environ) par un
opérateur privé sur un terrain mis à disposition gracieusement par le CHNO des
Quinze-Vingts : en échange des revenus locatifs, le titulaire du bail devra
maintenir le bâtiment à l'état neuf (fonctionnel) et celui-ci reviendra au
CHNO à l'issue du bail, c'est-à-dire au bout de vingt-cinq à trente ans.
Plateaux techniques à satiété
L'institut fonctionnera avec des plateaux techniques communs (animalerie,
analyse du transcriptome, du protéome, bioinformatique, imagerie, tests
comportementaux, électrorétinogramme, étude des canaux ioniques par
patch-clamp, etc...). Ainsi l'animalerie aura une capacité de 5 000 rongeurs,
avec un secteur protégé d'élevage hébergeant des animaux « exempts
d'organismes pathogènes spécifiques » (EOPS), et un secteur conventionnel
d'expérimentation indépendant
La surface restante sera partagée à parité entre des laboratoires du secteur
académique - dont l'équipe fondatrice, l'unité INSERM 592 dirigée par le
Professeur SAHEL - et le secteur industriel. Du côté de la recherche
académique, les groupes pressentis représentent la biologie du développement,
les neurosciences visuelles, l'optique physiologique, le traitement de
l'information, l'administration des médicaments, les sciences de l'ingénieur,
et le handicap.
Le tour des équipes candidates est loin d'être terminé. Un appel d'offres
international sera lancé à cette fin en 2006. Certaines équipes parisiennes
s'interrogent sur le fonctionnement de l'institut, restant légitimement
soucieuses de préserver leur indépendance. "Pourtant, dans l'institut,
chaque équipe aura une totale autonomie de travail et de gestion, même s'il y
aura une mutualisation des moyens et un comité stratégique qui définira une
politique commune. Notre souhait est que les chercheurs s'approprient
l'institut, comme ils s'approprient leur travail. Le fonctionnement en centre
de recherche, tel qu'il est préconisé par l'Inserm, assurera un fonctionnement
qui fait ses preuves, sous l'égide de cet organisme" explique le
Professeur SAHEL.
Ainsi, autre garantie d'indépendance, celle qui touche à l'évaluation
scientifique : "L'expertise scientifique serait internationale et sera
réalisée par des scientifiques non partie prenante de l'institut, de façon à
dissocier clairement l'évaluation de la pratique", souligne le professeur
SAHEL.
La biotechnologie bon pied bon œil
Le versant industriel, quant à lui, s'appuiera sur une « interface
incubateur » puis sur une pépinière déployée sur 2 000 m² environ. Les
entreprises seront hébergées dans l'Institut de la vision pour une période
renouvelable mais limitée, de façon à « éviter de rentrer dans le traquenard
de l'incubateur à trois ans et à favoriser la poursuite des projets déjà bien
mûris », précise J.A. Sahel. Les entreprises auront accès à l'ensemble des
plates-formes techniques, au Centre d'Investigations Cliniques, ainsi qu'aux
réseaux de recherche liés à l'institut. Plusieurs sociétés de biotechnologies
ont d'ores et déjà fait acte de candidature. Des contacts ont été noués avec
des compagnies américaines (Alcon, Allergan) et japonaises. Au total,
l'Institut pourra accueillir une quinzaine d'entreprises.
Un deuxième bâtiment représentant 5000 m² sera construit en parallèle. Nommé «
unité complémentaire locative », il constituera un hôtel d'entreprises ou une
résidence hôtelière assurant l'hébergement de patients et de chercheurs.
Au total, 200 chercheurs, ingénieurs et techniciens académiques et autant dans
les entreprises de biotechnologies graviteront dans l'institut dès sa mise sur
orbite. On peut imaginer que 400 à 500 personnes travailleront à terme sur le
site, projette le professeur SAHEL. De quoi valoir, effectivement, le coup
d'œil.
Unité INSERM 592
 | Marisol CORRAL-DEBRINSKI : Rôle de la mitochondrie dans la physiologie
et pathologie de la rétine
|
 | Serge PICAUD : Transmission de l'information visuelle,
pharmacotoxicité rétinienne et neuroprotection pharmacologique
|
 | José-Alain SAHEL et Thierry LEVEILLARD : Mécanismes de maintien de la
viabilité et de la fonctionnalité des cônes, approches thérapeutiques
|
 | Olivier GOUREAU : Etude des mécanismes moléculaires impliqués dans la
différenciation des progéniteurs et des cellules souches de la rétine de
vertébrés
|
 | Jean François LE GARGASSON : Imagerie Rétinienne - Indépendance et
Mutualisation |
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